Gérard a le visage rond, les cheveux grisonnants et fuyants, la barbe mal taillée et le regard insistant derrière ses petites lunettes, qui vous examine de haut en bas. Il est de petite taille mais se croit grand. Il porte des chemises à carreaux trop petites car son miroir est truqué : il lui montre un homme fort, grand et mince.
Il vit chez sa mère, qui fait tout pour lui, lui lave son linge, le nourrit, et jamais il ne la remercie. Il ne cuisine pas.
Il rit plus fort que tout le monde, d’un rire gras, il râle. Il commente le physique des présentatrices télé, et conclut le visionnaire de l’interview d’une auteure par « elle a quand même sacrément grossi ! » Il gagne plus que sa collègue féminine, de même niveau hiérarchique. Il a raté sa carrière et reste amer de voir des femmes au-dessus de lui dans sa société.
Il offre à sa nièce une poussette et un poupon « pour qu’elle se prépare ». Il remonte le fauteuil de son bureau pour se sentir supérieur, il méprise sa secrétaire et l’appelle « ma grande » ou « ma jolie » devant une vingtaine d’hommes en réunion.
Il critique les femmes en congé maternité, il critique les femmes qui n’ont pas d’enfants avant trente ans : « l’horloge maternelle tourne ! »
Il parle, et elles écoutent, il rit, elles se taisent, elles sont gênées, mais elles ne disent rien, car elles veulent garder leur poste. Et ils l’encouragent, ils rient avec lui. Il fait peur.
Il est arrogant, vulgaire, insolent, il a des avis politiques tranchés et personne ne le fera changer de point de vue, encore moins une femme. Il a une confiance aveugle en lui-même. Il est imposant, grotesque, grossier, injuste et discriminant.
Il est misogyne.